La montée des classes moyennes

Les classes moyennes regroupent des professions très diverses à la fois traditionnelles (petits patrons de l’artisanat et du commerce) et nouvelles (médecins, journalistes, ingénieurs, enseignants, employés, …). Ces classes ont en commun des vies laborieuses et austères, le souci de se différencier du monde ouvrier, l’importance attachée à l’épargne pour se constituer un patrimoine, l’attention donnée à l’éducation des élèves.


Doc. 1- L’employé en France

L’employé est commis de ce magasin, de bazar, d’épicier, calicot, courtier, comptable, voyageur de commerce; il est employé d’administration, de banque d’assurance; il est fonctionnaire bien ou mal rétribué, employé de l’État ou des communes, secrétaire de mairie, commis des douanes, des contributions, des postes et télégraphes. La gamme varie à l’infini et malgré de réelles analogies il y a entre chaque catégorie des différences très profondes qui font qu’on ne peut appliquer à toutes les mêmes observations. Le travail de bureau par exemple, ne ressemble pas à celui de magasin. Les conditions de travail du commis de bazar ne sont pas celles de l’employé de bureau. […]

Sans doute l’employé est un travailleur et un salarié comme l’ouvrier. Mais il y a entre eux une différence sociale très marquée qui en fait incontestablement une autre classe séparée de la classe ouvrière tant au point de vue de l’origine, des affinités propres que des conditions de travail et du rôle économique lui-même.

L’ouvrier a un métier. L’employé n’en a pour ainsi dire pas.

L’ouvrier a toujours existé. L’employé date à peu près du XXe siècle. […]

L’employé n’est plus le collaborateur, l’auxiliaire direct, intéressé, souvent l’ami du patron: il est devenu le salarié anonyme, le « numéro »; et même dans ce rôle sa situation est plus difficile que celle de ‘louvrier; placé plus près du patron, il a moins d’indépendance.

A. Artaud, La question de l’employé en France, Etude sociale et professionnelle, Paris, 1909.


Doc. 2- La vie d’une famille.

« Madame est marchande en gros aux Halles. Monsieur, quand Madame se lève, passe dans un sombre cabinet où il prête à la petite semaine aux commerçants de son quartier. A neuf heures, il se trouve au bureau des passeports dont il est un des sous-chefs. Le soir, il est à la caisse du Théâtre italien. Les enfants sont mis en nourrice et en reviennent pour aller au pensionnat. Monsieur et madame demeurent à un troisième étage, n’ont qu’une cuisinière, donnent des bals dans un salon de quatre mètres sur trois ; mais ils donnent 150 000 francs à leur fille qui se marie et reposent à cinquante ans […].

Ces travaux de toute une vie profitent aux enfants que cette petite bourgeoisie tend fatalement à élever dans la haute. Le fils du riche épicier se fait notaire, le fils du marchand de bois se fait magistrat. »

Honoré de Balzac, La Fille aux yeux d’or, 1835


Doc. 3 – Le budget d’une famille moyenne en 1914

La version NB pour impression


Doc 4 – Les employés vus par Henry Monnier

Caricature d’Henry Monnier à retrouver sur Gallica

Vous aimerez aussi...

1 réponse

  1. 24 février 2022

    […] La montée des classes moyennes […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.