Parcours de migrants: les migrations économiques des pays en développement vers d’autres pays en développement.

Activité reprise du travail de Aurore Mariel, Elodie Soubise et Justine Gigarel, proposé sur le site académique de Nantes.

Doc. 2- Les migrations de travail dans les pays du Golfe persique

Carte à retrouver sur l’atelier carto d’HG Sempai

Doc. 3- Esclaves du XXIe siècle au Qatar

Soucieux de transformer sa richesse en puissance et influence, le Qatar multiplie les opérations de prestige, comme l’organisation de la Coupe du monde de football en 2022. Mais ces grands chantiers publics et leur lot d’accidents ont révélé l’archaïsme et la brutalité d’un système de parrainage des travailleurs étrangers qui confine au servage.

[…] Originaire de l’État indien du Bengale-Occidental, M. Rajiv V. travaille au Qatar depuis quinze mois. Ce charpentier trentenaire économise la moitié de ce qu’il gagne (300 euros) pour son épouse, qui élève seule leur fils. En 2014, les travailleurs immigrés auraient envoyé plus de 10,7 milliards d’euros dans leurs pays, selon le gouvernement qatari. Les rares loisirs sont hors de leur portée, voire interdits de fait […]. Relégués dans des zones périphériques très éloignées de leurs lieux d’embauche, ils travaillent treize heures par jour, temps de transport inclus. Leur vie collective se résume à des réunions communautaires sporadiques. […] Au Qatar, les syndicats sont interdits, comme dans tous les pays du Golfe, excepté le Koweït et Bahreïn.

Comme les deux millions d’étrangers installés au Qatar, ces ouvriers de la construction sont assujettis au régime de la kafala. Ce système place sous la coupe de leur « parrain » et employeur tous les travailleurs étrangers, qui représentent 90 % de la population active du pays. Mobilisée six jours sur sept, hiver comme été, sous des températures pouvant dépasser les cinquante degrés, une véritable armée de réserve construit les stades de la Coupe du monde de football 2022. Cette main-d’œuvre étrangère ne jouit quasiment d’aucun droit : salaires versés très en retard ou pas du tout ; logements vétustes et insalubres ; interdiction de changer d’employeur sans l’autorisation de ce dernier ; passeport confisqué ; obligation de solliciter l’accord du patron pour quitter le territoire… Ainsi, quatre-vingt-huit immigrés travaillant sur le chantier du stade Khalifa à Doha, interrogés par Amnesty International, affirment n’avoir pas eu le droit de quitter le Qatar. […]

Le gouvernement qatari récuse les bilans alarmants : « À ce jour, il n’y a pas eu un seul mort en rapport avec les infrastructures liées à la Coupe du monde. Pas un seul. » Tout juste le comité d’organisation de la Coupe du monde concède- t-il la mort « naturelle », récemment, de deux ouvriers indiens, des suites d’une crise cardiaque. Pourtant, les ambassades d’Inde, du Bangladesh et du Népal ont décompté, elles, neuf cents décès au cours des deux dernières années, dont la moitié survenus de manière subite, des suites d’une crise cardiaque ou pour une raison inconnue. […]

D’après un reportage de David Garcia, Le monde diplomatique.fr, juin 2016

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